lundi 2 mars 2015

La valeur d'une idée

La meilleure des idées ne vaut rien si elle n'est pas communiquée.

Depuis plusieurs années, je m'amuse à créer des cours et des projets pour motiver mes élèves. Bien sûr, je communique ces idées de façon ponctuelle, dans la salle de travail de mon école et parfois à des événements qui rassemblent des acteurs de l'éducation au Québec et en France, mais jamais de manière pérenne. Jacques Cool m'a, à quelques reprises, demandé pourquoi je n'écrivais pas un blogue. L'idée d'un blogue à nourrir périodiquement ne me souriait guère, particulièrement pour le temps nécessaire à cette activité. À ce moment, je ne voyais que l'intérêt réflexif de ce média et je me voyais mal ajouter quelques réflexions supplémentaires à toutes celles de mes nombreux collègues qui bloguent pédagogie.

Mon réel intérêt réside vraiment, comme je l'ai mentionné, dans la création pédagogique. Ce sont mes projets, mes idées parfois un peu folles, que je souhaite présenter ici. Et qui sait, peut-être que ces pages inspireront à certains le désir de s'amuser en classe.

Enquête à l'école

J'ai le privilège de travailler avec une équipe de professeurs formidables qui accepte parfois de me suivre dans des projets un peu fous.

Cette année, nous avons décidé de créer un projet interdisciplinaire autour du meurtre fictif du professeur de mathématiques. L'idée n'est pas nouvelle, mais le projet suscite énormément d'enthousiasme, tant chez les enseignants et la direction de l'école que chez les élèves.

Lors des semaines qui ont précédé le début du projet, nous avons mis en place différents éléments du scénario en faisant croire aux élèves que des querelles importantes divisaient l'équipe de professeurs: ces éléments étant destinés à donner à tous les membres de l'équipe des mobiles pour commettre un crime.

Puis, un matin de février, les élèves ont appris qu'un meurtre avait été commis et que leur concours était nécessaire pour résoudre le mystère entourant cette mort. Placés en équipes, ils se sont rendus sur la scène du crime où ils devaient relever le plus d'indices possible, faire des prélèvements et prendre des photographies. Au moment d'écrire ces lignes, les analyses scientifiques des pièces à conviction vont bon train. Certains indices, sang, cheveux, boue par exemple, demandent une analyse en classe de science; d'autres demandent des calculs mathématiques, avec une énigme cachée dans un polygone de contraintes, et d'autres enfin, des connaissances et recherches en informatique.

Puisque les analyses scientifiques sont au-delà des limites du programme de science, les élèves doivent les faire pendant leurs temps libres, sur l'heure du dîner. Il faut les voir fourmiller au laboratoire: je ne me souviens pas d'avoir vu des jeunes travailler avec autant d'acharnement pendant leurs temps libres!

Dans les prochaines semaines, les jeunes devront écrire un article journalistique à propos du meurtre ainsi qu'un rapport d'enquête. Ils discuteront ensuite de différentes questions en cours d'éthique et le projet se terminera avec la mise en accusation du coupable et la tenue d'un procès dans le cours d'anglais.

Ce projet, c'est un cadeau que nous nous sommes fait, à nous, l'équipe d'enseignant, et aux élèves. Au-delà des connaissances et compétences des programmes d'enseignement de chaque matière, nous travaillons la communication orale et écrite, la réflexion, la rigueur, les méthodes scientifiques, l'éthique en journalisme et en droit, l'utilisation des TIC. Et au-delà des connaissances et compétences, il y a surtout le plaisir d'enseigner et d'apprendre, le plaisir d'arriver à l'école à chaque matin en sachant que le plaisir sera au rendez-vous.